La Croatie aujourd'hui

Le processus qui a conduit à la naissance de l'actuelle République de Croatie a débuté avec la crise du communisme en Europe de l'Est à la fin des années 1980 et le renforcement des forces démocratiques, qui fut accompagné par un retour au multipartisme. Les mouvements qui se firent jour de la Baltique à l'Adriatique étaient marqués par l'aspiration des peuples à l'autodétermination, ce qui entraîna l'effondrement des États socialistes plurinationaux et l'accession à l'autonomie de leurs composantes fédérées. En Croatie, ce processus présentait plusieurs caractéristiques spécifiques et, à l'encontre de la volonté du peuple croate, il ne put se dérouler pacifiquement. Pour le peuple croate, le combat pour la démocratie était synonyme de sa lutte pour la création d'un État croate.

La lutte pour l'indépendance

À la mort du président Josip Broz Tito, en 1980, la Yougoslavie sombra dans une crise économique et sociale ; de nouveau les confrontations qui opposaient les dirigeants des républiques fédérées s'exacerbèrent autour des questions posées par l'organisation politique du pays, la restauration du pluralisme, les économies respectives des républiques fédérées, etc. Se renforcèrent alors, d'une part, les diverses revendications nationales et, de l'autre, la ligne unitariste fidèle à l'idéologie yougoslave, particulièrement en Serbie, au sein de certaines institutions fédérales et parmi les dirigeants de l'Armée populaire yougoslave (JNA).

Chars de la JNA en Slavonie (1991).
Evacuation de la population croate d'Erdut et de Dalj, en Slavonie orientale (août 1991).
Attaque aérienne de la JNA sur Zagreb le 7 octobre 1991. Elle visait le palais présidentiel où se trouvaient réunis le président Tuđman, le membre croate de la présidence fédérale yougoslave Stjepan Mesić et le Premier ministre de la Yougoslavie, Ante Marković.
Attaque sur Dubrovnik (6 décembre 1991).

À la fin de 1989 le courant réformateur prévalut, avec à sa tête la Ligue des communistes de Croatie (SKH), conduisant à l'organisation des premières élections multipartites libres, en avril et mai 1990. La victoire revint à l'Union démocratique croate (HDZ), parti qui promettait de défendre les intérêts nationaux, et c'est son leader, Franjo Tuđman, qui fut élu Président de la République par le parlement croate, le Sabor. Une nouvelle Constitution fut alors adoptée (22 décembre 1990) puis, à la suite d'un référendum (19 mai 1991), votée la Déclaration sur la souveraineté et l'indépendance de la République de Croatie (25 juin 1991). Enfin fut adoptée la Résolution sur la rupture des liens étatiques et juridiques avec les autres républiques et provinces de la République socialiste fédérative de Yougoslavie (8 octobre 1991), autrement dit avec la Yougoslavie en tant qu'entité.

Avec la désintégration de la République socialiste fédérative de Yougoslavie (RSFY), que de fait ils encourageaient eux-mêmes, les dirigeants politiques de la Serbie, avec à leur tête Slobodan Milošević, remirent au goût du jour les idées politiques de Grande Serbie, appelant au combat pour la réunion de tous les Serbes. Se saisissant à des fins manipulatrices de la position du peuple serbe en Croatie, ils incitèrent à la fin de juillet et en août 1990 le soulèvement des extrémistes serbes qui proclamèrent le 25 juillet 1990 la Déclaration sur la souveraineté et l'autonomie du peuple serbe, puis la République autonome serbe de Krajina (21 décembre) dont ils déclarèrent le 1er avril 1991 qu'elle faisait sécession de la Croatie et se rattachait à la Serbie.

Après trois mois de siège par l'armée yougoslave, Vukovar n'est plus que ruines et devient la ville la plus détruite d'Europe après la Deuxième Guerre mondiale (novembre 1991).
Colonne de personnes déplacées après la chute de Vukovar.
Le siège des forces de maintien de la paix des Nations unies à Slunj
Zones de protection des Nations Unies (ZPNU) 1992-95.

Les affrontements armés débutèrent en mars 1991, les rebelles serbes disposant d'un appui croissant de la JNA. Le 26 juin 1991, le Sabor adopta la Loi sur la défense, qui marqua la mise en place des forces armées croates. Ces dernières étaient nettement inférieures à la JNA qui s'était approprié en 1990 l'armement destiné à la défense territoriale de la Croatie. En août 1991, les affrontements précurseurs du conflit font place à une agression délibérée de la JNA ainsi que de la Serbie et du Monténégro. Ainsi la Croatie fut-elle contrainte de mener une guerre défensive et de libération nationale (en croate « Guerre patriotique », Domovinski rat) qui prit fin en 1995, entraînant du côté croate la mort d'environ 14 000 personnes, militaires et civils, de la part Croate.

Depuis la fin de l'année 1991, quelque 26,5 % du territoire de la Croatie (soit environ 15 000 km²) se trouvaient aux mains des forces rebelles serbes. La « République serbe de Krajina », proclamée le 19 décembre 1991, occupait une partie de cette zone, dans laquelle la population croate était harcelée et pourchassée. À la fin de 1991, en raison des affrontements armés, la Croatie comptait déjà 500 000 personnes déplacées, auxquelles vinrent bientôt s'ajouter 200 000 réfugiés de Bosnie-Herzégovine.

Au cours de l'automne 1991, de nombreuses villes croates étaient pilonnées par l'artillerie et les tirs de missiles (Vinkovci, Osijek, Karlovac, Sisak, Gospić, Zadar, Šibenik, Dubrovnik et d'autres). La plus gravement détruite fut Vukovar, où de la fin août 1991 jusqu'à la mi-novembre 1991, 2 000 personnes (dont environ 1 100 civils) périrent dans les attaques de la JNA et des forces paramilitaires serbes. Bien que les forces serbes soient finalement entrées dans Vukovar, le courage héroïque de sa défense a valu à cette ville de devenir le symbole de la lutte de la Croatie pour l'indépendance.

Le président Tuđman avec Yasushi Akashi, le représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU en ex-Yougoslavie.
Célébration de l'admission de la Croatie à l'ONU sur la grand'place de Zagreb (22 mai 1992).
Soldats croates durant l'opération Éclair (1er-2 mai 1995), qui libéra la Slavonie Occidentale.
Soldats croates aux lacs de Plitvice lors de l'opération Tempête (4-7 août 1995.

En quête d'un règlement de la crise yougoslave, l'Union européenne ouvrit en septembre 1991 une conférence de paix dont la Commission d'arbitrage conclut le 29 novembre 1991 que la RSFY était engagée dans une « processus de dissolution ». Aussi les pays membres de l'UE décidèrent-ils le 16 décembre 1991 de reconnaître l'indépendance des républiques yougoslaves dans leurs frontières existantes, à la condition qu'y soient respecté un certain nombre de principes démocratiques. C'est ainsi que la communauté internationale reconnut le 15 janvier 1992 l'indépendance de la Croatie et de la Slovénie, qui furent admises comme États membres de l'Organisation des Nations unies (ONU) le 22 mai 1992.

Après une quinzaine de tentatives, les forces croates et la JNA parvinrent à un accord de cessez-le-feu, signé le 2 janvier 1992. Ainsi fut rendue possible l'opération de maintien de la paix des Nations unies en Croatie. Des zones de sécurité (Zones protégées par les Nations unies - ZPNU) placées sous le contrôle des forces de maintien de la paix de l'ONU (FORPRONU – Force de protection des Nations unies) furent mises en place dans les territoires rebelles et leurs périphéries, tandis qu'un secteur (les "zones roses") devait être démilitarisé. La JNA se retira de Croatie et apporta son soutien stratégique aux forces serbes en Bosnie-Herzégovine, où la guerre éclata en avril 1992. Ces nouveaux combats compliquèrent un peu plus la situation géopolitique et stratégique déjà complexe dans laquelle la Croatie défendait son indépendance, car les séparatistes serbes en Croatie menaient leurs opérations militaires en connivence avec les forces serbes en Bosnie-Herzégovine, et leur action politique en intelligence avec la République serbe autoproclamée dans ce pays.

Les élections législatives et la présidentielle d'août 1992 virent le succès du HDZ et de Franjo Tuđman, son candidat à la présidence (réélu en 1997). Depuis mai 1990 jusqu'à sa mort à la fin de l'année 1999, Tuđman fut l'acteur clé de la politique intérieure et extérieure de la Croatie.

Les événements militaires et politiques que traversa la Croatie dans la première moitié des années 1990 étaient étroitement liés avec ceux qui se déroulaient en Bosnie-Herzégovine. La résistance commune qu'opposaient Croates et Bosniaques aux forces serbes s'accompagnait néanmoins de différences et de divergences qui conduisirent en 1993-1994 à un affrontement armé. À la suite de la médiation des États-Unis (signature des Accords de Washington le 18 mars 1994) la Croatie et les dirigeants (bosniaques) de Bosnie-Herzégovine scellèrent une alliance stratégique. C'est également avec les États-Unis que la Croatie signa en 1994 un Mémorandum de coopération dans le domaine militaire et de la défense. Par la suite les forces croates déployèrent dans l'ouest de la Bosnie-Herzégovine plusieurs opérations militaires dont le succès contribua à affaiblir la position des séparatistes serbes en Croatie.

Les dirigeants séparatistes repoussèrent les initiatives croates et internationales en faveur d'un règlement amiable de la guerre en Croatie (le plan de large autonomie pour les régions à population majoritairement serbe est rejeté en janvier 1995). Ces tentatives de négociation s'étant soldées par une série d'échecs, la Croatie reconquit par les armes la plupart de son territoire occupé en 1995, avec tout d'abord l'opération Éclair, d'ampleur restreinte (1er et 2 mai) puis une offensive de plus grande envergure, Tempête (du 4 au 7 août), qui mit définitivement en déroute les forces séparatistes serbes. Leur repli vers la Bosnie-Herzégovine et la Serbie s'accompagna d'un exode massif de la population serbe : on estime à plus de 150 000 le nombre de Serbes qui fuirent la Croatie au cours de l'opération Tempête. Cette opération a également été précipitée par les événements en Bosnie-Herzégovine : le génocide perpétré par les forces Serbes à Srebrenica contre les civils bosniaques en dépit de la présence des casques bleus de l'ONU, et la menace de nouveaux crimes contre la population de l'enclave bosniaque de Bihać, près de la frontière croate.

Après ces opérations en Croatie, seuls demeuraient encore occupés les abords du Danube, dans la région limitrophe avec la Serbie (environ 4,5 % du territoire). Le processus de réintégration pacifique fut négocié en novembre 1995 par les parties croate et serbe à Dayton (avec la médiation des États-Unis et du groupe de contact international) aboutissant le 12 novembre 1995 à la signature d'un accord à Zagreb et Erdut, connu sous le nom d'Accord d'Erdut (Accord fondamental concernant la Région de la Slavonie orientale, de la Baranja et de la Syrmie occidentale). Par la suite fut établie une Administration transitoire des Nations unies en Slavonie orientale (ATNUSO) qui, œuvrant en collaboration avec les autorités croates et une partie de la population serbe locale, réintégra en janvier 1998 cette région dans le giron du système étatique et juridique de la Croatie. Cette mission de l'ONU en ex-Yougoslavie fut la première à être entièrement menée à bien dans les délais initialement prévus.

Ainsi s'acheva pour la Croatie une dure période (1991-1998) jalonnée d'épreuves militaires et politiques, à l'issue de laquelle elle obtint son indépendance nationale et réussit à préserver son intégrité territoriale. Quelques différends frontaliers surgirent avec les pays nés de l'éclatement de la Yougoslavie (Slovénie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Serbie), mais ils n'entravèrent pas la mise en place d'une coopération interétatique et régionale. Il s'avéra que la question la plus complexe était celle de la frontière maritime croato-slovène.

Le commandant des forces serbes signe la reddition à l'issue de l'opération Tempête (1995).
Les négociations de paix à Dayton (États-Unis), en novembre 1995, mirent fin à la guerre en Croatie et en Bosnie-Herzégovine.
La signature de l'Accord de stabilisation et d'association à Bruxelles en 2001 marque le premier pas vers l'adhésion à l'UE (le Premier ministre Ivica Račan, le ministre des Affaires étrangères Tonino Picula, et Romano Prodi, le président de la Commission européenne).

Vers l'adhésion à l'Union européenne.

Dès la déclaration d'indépendance en 1991, l'objectif majeur de la Croatie en matière de politique extérieure a été de se rapprocher de la Communauté européenne et de s'associer au processus d'intégration européenne. En tant que pays de l'Europe centrale et de la Méditerranée, situé à la charnière des Balkans, et compte tenu de ses expériences historiques, la Croatie a considéré son appartenance à l'Europe occidentale comme un choix géopolitique naturel. À la veille de l'éclatement de la Yougoslavie et tout au long de la guerre de libération, les pays-membres de la CE ont tout d'abord encouragé les processus de négociations régionaux, organisé l'aide humanitaire et financière en faveur de la Croatie, et soutenu son accession à l'indépendance (en janvier 1992). Mais durant les années qui suivirent, les relations entre la Croatie et la CE (qui devient l'Union européenne en 1993) n'ont pas été très harmonieuses. La Croatie faisait l'objet de critiques en raison de ses trop lents progrès dans le domaine des droits de l'homme et des droits des minorités, et était accusée de violer le droit de la guerre. Il lui était également reproché de ne pas collaborer suffisamment avec le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (institué en 1993, à l'initiative de plusieurs pays dont la Croatie, il a fermé ses portes en 2017, et ses missions résiduelles ont été transférées au Mécanisme pour les Tribunaux pénaux internationaux). Ainsi le processus d'adhésion à l'Union européenne a-t-il été relativement long.

Soumission de la demande d'adhésion à l'Union européenne en 2003 (le Premier ministre Ivica Račan et Costas Simitis, le Premier ministre grec).
Signature du Traité d'adhésion à l'Union européenne à Bruxelles (9 décembre 2011).
Ratification à l'unanimité du Traité d'adhésion de la Croatie à l'Union européenne par le Sabor (9 mars 2012).

Bien qu'il se soit avéré, avec les acquittements prononcés par la suite (en faveur, entre autres, des généraux Ante Gotovina et Ivan Markač) que certaines récriminations des procureurs du TPIY étaient injustifiées, la Croatie était vue à travers le prisme de l'instabilité générale qui régnait dans l'espace post-yougoslave et le processus d'adhésion à l'UE a traîné en longueur.

L'influence politique du HDZ faiblit après la mort de Franjo Tuđman (1999). C'est Stjepan Mesić qui remporte l'élection présidentielle en 2000; réélu en 2005, il assume la fonction de chef de l'État jusqu'en 2010. Les partis d'opposition accèdent au pouvoir après les élections de 2000 et composent un gouvernement de centre gauche qui se maintiendra jusqu'à la fin de 2003, avec pour Premier ministre Ivica Račan, le président du Parti social-démocrate de Croatie (SDP, parti héritier de la Ligue des communistes de Croatie, dont Račan avait conduit la réforme au début des années 1990). À la suite de la révision constitutionnelle de 2001, le système semi-présidentiel est abandonné, les pouvoirs du président se voient réduits et les rôles respectifs du Sabor et du gouvernement renforcés.

Avec le début des années 2000, au sortir de la guerre, la Croatie s'engage dans une période de démocratisation et déploie des efforts intenses en vue de son adhésion à l'Union européenne et à l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN). En mai 2000, la Croatie intensifie sa coopération stratégique avec les États-Unis et l'OTAN en s'engageant dans le programme du Partenariat pour la paix.

Discours du Premier ministre Andrej Plenković devant le Parlement européen en février 2018 à Strasbourg.
Cérémonie à Washington marquant l'entrée de la Croatie dans l'OTAN.
Le drapeau de l'OTAN est hissé solennellement à Zagreb (2009). La Croatie devient membre de l'OTAN, la plus grande alliance militaire au monde, 11 ans seulement après que les forces de maintien de la paix des Nations unies ont quitté le pays.

L'avancée des relations entre la Croatie et l'Union européenne est confirmé par la signature de l'Accord de stabilisation et d'association le 29 octobre 2001 (entré en vigueur le 1er février 2005). Une fois obtenu un consensus parmi tous les partis parlementaires sur son entrée dans l'Union européenne, la Croatie présente sa demande d'adhésion le 21 février 2003.

Indépendamment du changement de gouvernement, les efforts d'intégration se poursuivent dans la continuité. Le HDZ sort à nouveau vainqueur des élections parlementaires de 2003 et 2007 et c'est dans ses rangs que sont nommés les Premiers ministres, successivement Ivo Sanader (2003-2009) et Jadranka Kosor (2009-2011). L'élection présidentielle de 2010 voit la victoire du candidat du SDP, Ivo Josipović. Lors des élections parlementaires de décembre 2011, c'est la coalition de quatre partis du centre-gauche (SDP, HNS, IDS, HSU) qui l'emporte, et Zoran Milanović (président du SDP) est nommé Premier ministre.

La Croatie se voit accorder le statut de candidat à l'entrée dans l'UE le 18 juin 2004, et les négociations d'adhésion débutent le 3 octobre 2005. En devenant membre de l'OTAN, le 1er avril 2009, la Croatie atteint un de ses objectifs majeurs en matière de politique extérieure. À la fin de 2011, les négociations d'adhésion s'achèvent avec succès et le Traité d'adhésion de la Croatie à l'Union européenne est signé le 9 décembre 2011 (Il entrera en vigueur le 1er juillet 2013). Lors du référendum organisé le 22 janvier 2012, deux tiers des votants (66,27 %) se prononcent en faveur de l'entrée de la Croatie dans l'Union européenne. À la fin 2011, quinze ans après le début de sa mission, lancée pour contribuer à la poursuite en justice de personnes soupçonnées d'avoir commis des crimes de guerre en Croatie en 1991–1995, le retour des réfugiés et la protection de leurs droits, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe met fin à sa présence dans le pays. Le statut de membre de l'Union européenne exige du gouvernement croate qu'il adopte ses valeurs et ses principes, mais aussi qu'il applique les lois et procédures sur lesquelles repose la stabilité politique et économique de l'Union. Depuis janvier 2015, la présidente croate est Kolinda Grabar Kitarović, candidate du HDZ, parti de centre-droit. Au pouvoir depuis 2016, celui-ci a formé des gouvernements de coalition à l'issue des élections parlementaires de 2015, 2016 et 2020, où il a obtenu une majorité relative au Parlement.

Depuis octobre 2016, le gouvernement est dirigé par le Premier ministre Andrej Plenković (président du HDZ depuis juillet 2016 ; confirmé dans sa fonction après les élections au sein du parti en 2020), qui mène une politique résolument pro-européenne et s'est fixé pour objectif l'entrée de la Croatie dans l'espace Schengen (la Commission européenne a jugé en 2019 que le pays remplissait les conditions nécessaires) et l'adoption de l'euro (la Croatie a soumis sa demande d'adhésion au mécanisme de change européen MCE 2 à l'horizon 2020). Après des années de récession, les réformes structurelles et fiscales engagées, la réduction de la dette publique et les surplus budgétaires dégagés, et un meilleur emploi des fonds européens, ont permis une relance de l'économie et des investissements, la hausse de l'emploi et des salaires, permettant ainsi à la notation souveraine de revenir dans la catégorie « Valeur d'investissement ».

Politique étrangère

La reconnaissance internationale de la Croatie et son admission à l'ONU en 1992 lui ont permis de mener une politique extérieure autonome, qui jusqu'au milieu des années 1990 a été placée sous le signe du conflit armé. Cependant, à la faveur du contexte qui s'est créé au lendemain de la guerre, la Croatie a pu prétendre à une plus grande affirmation internationale, ainsi qu'en témoignent son entrée dans l'OTAN (2009) puis dans l'Union européenne (2013).

Se rallier à l'intégration euro-atlantique dans le domaine de la sécurité et de l'économie, tel était l'objectif clé de la politique extérieure croate. Dans ce contexte, elle a développé des relations bilatérales avec les pays membres de l'Union européenne et les États-Unis. Parallèlement, la politique extérieure croate empruntait également d'autres voies, menant des actions bilatérales et multilatérales, établissant des relations interétatiques dans toutes les régions du monde, faisant reconnaître la Croatie comme membre de toutes les organisations et institutions internationales (OSCE, Organisation mondiale du commerce, etc.). Ayant connu la tragédie de la guerre, la Croatie apporte dans le cadre de l'ONU sa contribution dans la quête d'un règlement pacifique dans les différends qui secouent le monde. En 2008-2009, elle est membre non permanent du Conseil de sécurité.

Le président croate Franjo Tuđman et la secrétaire d'État des États-Unis Madeleine Albright à Zagreb (1998).
Le Président de la Croatie Zoran Milanović et Jens Stoltenberg, le Secrétaire général de l'OTAN, à Zagreb en mars 2020.
L'ancienne ministre croate des Affaires étrangères et européennes, Marija Pejčinović Burić, a été élue Secrétaire générale du Conseil de l'Europe en 2019. C'est la deuxième femme à occuper ce poste depuis la création de cette organisation en 1949.

Après la fin de la Guerre de libération, l'engagement de la Croatie en faveur de la coopération et de la stabilisation régionales se déploie dans le cadre de l'Accord de libre-échange centre-européen, de l'Initiative pour l'Europe centrale (que la Croatie a présidé en 2018), du Pacte de stabilité pour l'Europe du Sud-Est, mais aussi, entre autres, à travers les initiatives des pays du bassin du Danube (la Croatie a présidé la Stratégie européenne pour la région du Danube du 1er novembre 2019 au 1er novembre 2020, et a été à la t^te de la Commission du Danube du 1er juin 2017 au 31 décembre 2020), des pays de la Méditerranée (elle a assumé la présidence de l'Initiative centre-européenne en 2018).

La participation de la Croatie et des autres Etats post-yougoslaves aux processus de stabilisation politique régionale est rendue complexe par les spectres du passé, y compris ceux du dernier conflit armé. Ils sont particulièrement présents dans les relations croato-serbes, mais en revanche se laissent plus facilement apaiser dans les relations avec le Monténégro. L'héritage de la période yougoslave s'accompagne également de plusieurs différends frontaliers résiduels, de litiges relevant du droit des biens entre les Etats nouvellement créés, de problèmes liés aux personnes disparues et au retour des réfugiés, etc. La Croatie, qui soutient leur perspective européenne, s'efforce de régler ces questions dans le respect du droit international et par le biais d'accords interétatiques. C'est, entre autres choses, grâce à cette approche que la Croatie a pu rejoindre l'Union européenne.

Les soldats croates ont été présents en Afghanistan de 2003 à 2020,
Le Premier ministre croate Andrej Plenković et la Chancelière fédérale d'Allemagne Angela Merkel à Zagreb en mai 2019.
Le Premier ministre chinois Li Keqiang reçu en avril 2019 à Zagreb par son homologue, le Premier ministre croate Andrej Plenković, à la veille du Sommet entre la Chine et les pays d'Europe centrale et orientale à Dubrovnik.

A partir de 1999, la Croatie participe à près d'une vingtaine d'opérations et de missions de maintien de la paix lancées par l'ONU, l'OTAN et l'UE dans le monde. De 2005 à 2007, c'est un Croate, le général de division Dragutin Repinc, qui est nommé Chef du Groupe d'observateurs militaires des Nations unies pour l'Inde et le Pakistan (UNMOGIP) déployé au Cachemire, région faisant l'objet d'un différend frontalier entre ces deux pays. Au cours de 2018, quelque 70 membres des forces armées croates ont pris part à trois missions (pour la plupart au Liban, mais aussi au Cachemire ainsi qu'au Sahara occidental). Les soldats croates ont été présents en Afghanistan de 2003 à 2020, tout d'abord au sein de la Force internationale d'assistance et de sécurité (FIAS), puis dans le cadre de la mission Soutien déterminé, toutes deux dirigées par l'OTAN. Depuis 2009, la Croatie participe (avec 35 hommes en 2021) à la Force pour le Kosovo (KFOR), depuis 2017 elle est présente en Lituanie et en Pologne (dans le cadre de la présence avancée renforcée de l'OTAN, avec 80 hommes en 2021), ainsi qu'en Irak depuis 2018 (6 hommes en 2021), également sous le commandement de l'OTAN.